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Une députée américaine rédige un projet de loi qui protègerait les immigrants camerounais

La députée américaine Eddie Bernice Johnson, démocrate qui représente le 30e district du Texas, est en train de rédiger une loi sur le statut de protection temporaire (TPS) pour le Cameroun, a confirmé son attaché de presse, le Dre Kwamme Anderson, à Sahelien.com.

« Nous sommes dans les premières étapes du processus législatif ; en consultation avec le conseiller législatif », a déclaré M. Anderson. La législation, qui protégerait les immigrants camerounais aux États-Unis pour une période de temps indéterminée, est rédigée après un lobbying mené par le Cameroon American Council et sa PDG Sylvie Bello, a ajouté Dre Anderson.

Les ressortissants des pays figurant sur la liste du statut de protection temporaire ne peuvent être expulsés sur la base de leur statut d’immigration, sont autorisés à travailler aux États-Unis et peuvent être éligible pour voyager librement à l’étranger. Si la législation sur le TPS est adoptée pour le Cameroun, ce serait le quatrième pays africain à bénéficier de cette désignation, après le Soudan, la Somalie et le Sud-Soudan. Au total, dix pays ont la désignation TPS.

Pour Sylvie Bello, cette législation nécessaire est arrivée trop tard. Deux vols d’expulsion à destination du Cameroun sont déjà partis de l’aéroport de Fort Worth Alliance (dans le district de Rep. Johnson) cette année, et un troisième est prévu pour le 15 décembre. « Nous espérons que cette résolution, qui a franchement 10 mois de retard, sera publiée avant que le Congrès ne se retire », a déclaré Mme Bello.

Les demandeurs d’asile camerounais que l’ICE a expulsés se sont vu confisquer leurs documents d’identité depuis leur retour au Cameroun, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas légalement travailler, enregistrer une carte SIM, envoyer ou recevoir de l’argent, trouver un logement ou quitter le pays. Beaucoup d’entre eux craignent d’être arrêtés par le gouvernement et ont peur d’être tués.

Parmi la centaine de personnes déportées cette année, deux étaient des femmes qui ont possiblement être opérées contre leur volonté au centre de détention Irwin County en Géorgie. Le 16 septembre, l’ICE a tenté d’expulser Pauline Binam, une Américaine d’origine camerounaise dont une trompe utérine de Fallope a été enlevée contre sa volonté, mais n’a pas pu le faire parce que les documents de voyage que l’ICE lui avait procurés avaient été délivrés par un pasteur méthodiste du Texas au lieu de l’ambassade du Cameroun à Washington, D.C.

D’autres demandeurs d’asile camerounais ont également subi de graves traumatismes lors de leur séjour dans les centres de détention de l’ICE à travers les États-Unis. En octobre 2019, le demandeur d’asile Nebane Abienwi est mort par négligence médicale lors de sa détention au centre de détention d’Otay Mesa, dans le sud de la Californie. En février 2020, plus de 140 femmes camerounaises ont manifesté contre l’insuffisance des soins médicaux au centre de détention Don Hutto au Texas. En mars et octobre 2020, des dizaines de Camerounais ont entamé des grèves de la faim pour protester contre le traitement raciste infligé au centre de détention de Pine Prairie en Louisiane. En octobre 2020, des agents de l’ICE ont torturé des Camerounais au centre de détention de Jackson Parish dans le Mississippi pour les obliger à signer leurs papiers d’expulsion. Dans tous les cas de protestation, l’ICE a riposté en séparant les manifestants et en les envoyant dans des centres de détention différents.

Le Cameroun est plongé dans une guerre civile brutale depuis 2017, après que les manifestations pacifiques pour une plus grande autonomie des régions anglophones du pays aient été accueillies avec violence par les forces de sécurité du gouvernement, majoritairement francophone. Depuis lors, des insurgents armés ont combattu le gouvernement et le conflit qui a déplacé plus de 700 000 personnes et causé des dommages incalculables dans les régions anglophones.

Le conflit anglophone et la sévère répression de l’immigration par l’Europe envers l’Afrique depuis 2015 ont poussé quelque 10 000 personnes à tenter d’immigrer aux États-Unis au cours des six dernières années, selon Mme Bello. Les Camerounais qui demandent l’asile doivent faire face à des conditions difficiles et dangereuses pour arriver aux États-Unis après avoir pris l’avion pour l’Amérique du Sud et traversé huit pays à pied pour s’y rendre.

Le conflit camerounais est un héritage colonial qui remonte à l’époque où les Britanniques et les Français ont divisé le pays des colonisateurs allemands après la Première Guerre mondiale. La France a déjoué les tentatives visant à faire du conflit anglophone une priorité du Conseil de sécurité des Nations Unies, ce qui, selon certains militants, est le moyen le plus efficace de mettre fin à la guerre.

Les États-Unis sont un partenaire clé pour l’armée camerounaise, qui est accusée d’horribles violations des droits de l’homme. Le président camerounais Paul Biya est au pouvoir depuis 38 ans et a survécu au pouvoir en étouffant la dissidence.

Au cours de son mandat de quatre ans au pouvoir, l’administration Trump a tenté à de nombreuses reprises de démanteler les protections du TPS pour les près de 400 000 personnes qu’elle protège. Les procès intentés par des ONG américaines ont bloqué la plupart de ces efforts. Le président-élu Joe Biden s’est engagé à « protéger les détenteurs du TPS et du départ forcé différé (DED) contre le retour dans des pays dangereux », bien qu’il n’ait pas mentionné de pays précis.

En novembre, la députée Karen Bass (D-CA) a présenté un autre projet de loi, la résolution 1221, qui interdirait l’expulsion des demandeurs d’asile camerounais. Le projet de loi a 53 sponsors et a été renvoyé à la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants.