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Vaccin anti-Covid-19 au Mali: ce qu’il faut savoir

Le 5 mars 2021, le Mali recevait son premier lot de vaccin Astra Zeneca. 396.000 doses pour démarrer la première phase de la campagne de vaccination contre la Covid-19. Une pandémie qui a touché le Mali en mars 2020.

« Quelques jours seulement après l’annonce des premiers cas en Chine, le Mali a réactivé son système de surveillance épidémiologique pour faire face à la maladie. On était persuadé que les cas importés viendraient par voie aérienne. Nous avons réactivé notre système de surveillance épidémiologique en mettant l’accent sur la voie aérienne c’est-à-dire les différents aéroports plus précisément l’aéroport de Bamako-Sénou. Ceci a valu au Mali d’être l’un des derniers pays en Afrique de l’ouest à enregistrer des cas », retrace le Professeur Akory Ag Iknane, ancien directeur de l’Institut national de Santé publique.

Ayant vécu la forme grave de la maladie, le Professeur Mamadou Sounkalo Traoré a accepté de témoigner de son cas. « Mes poumons étaient atteints à plus de 75%. C’était la tranche grave de la covid. Les choses sont allées très rapidement. Dès qu’on a fini le scanner, j’ai commencé tout de suite à perdre connaissance. On m’a amené à la réanimation… J’ai perdu connaissance pendant trois jours. J’étais sous assistance respiratoire. »

Selon les spécialistes, la lutte contre la pandémie passe par l’adhésion des populations aux mesures barrières et à la vaccination. Une tâche pas du tout aisée pour plusieurs raisons. « Nous avons eu un facteur qui nous a rendu la tâche un peu difficile. De la réception des doses jusqu’au début de la vaccination, 28 jours se sont écoulés. Et c’est pendant cette période qu’il y a eu des cas d’effets secondaires en France liés au vaccin Astra Zeneca. Les réseaux sociaux ont relayé les informations, beaucoup de nos concitoyens étaient dans le déni de cette vaccination : « Tout sauf Astra Zeneca. » Ça nous a posé d’énormes problèmes, au point que les 396 000 doses que nous avons reçues, le Mali n’a pas pu les consommer en entier jusqu’à la date de péremption parce que ce n’était que trois mois. La péremption était le 10 juin 2021 », explique le Professeur Akory Ag Iknane.

 « Nous avons évalué cette première phase et nous avons tiré les enseignements. Nous avons agi là où ça n’allait pas parce que les gens n’avaient pas le maximum d’information. Donc les rumeurs ont pris le dessus sur cette sensibilisation-là. Nous sommes dits qu’avant cette deuxième phase, nous allons mettre l’accent sur la sensibilisation notamment sur l’efficacité et l’innocuité du vaccin c’est-à-dire que c’est un vaccin sans danger et sûr », a ajouté le Directeur du Centre national de vaccination.

Le but de la vaccination est de pousser l’organisme à produire des anticorps afin de faire face à l’infection, indique le médecin biologiste Boubacar Sidiki Brahim Dramé, point focal Covid-19 à l’hôpital du Mali. « Il existe plusieurs types de vaccins contre le coronavirus. Il y a des vaccins classiques où on atténue tout simplement le virus, on tue le virus et on l’injecte comme vaccin. Tout ça, c’est de créer une réaction dans l’organisme afin d’imiter la maladie alors que le virus n’a pas la capacité de se multiplier. Maintenant, avec le développement de la technologie, on est arrivé à extraire les protéines qui font que le virus puisse être facilement reconnu par l’organisme. Cette reconnaissance nous amène à extraire une protéine utilisée par le virus pour pénétrer notre corps. Beaucoup de vaccins ont pris cette protéine et ont fabriqué des anticorps contre la protéine. Parmi ces vaccins, nous l’Astra Zeneca qui a été le premier vaccin sur le marché malien. Nous avons le Moderna. Ces deux vaccins sont des protéines recombinantes qui visent uniquement cette partie du virus.

Qu’en est-il des effets secondaires ?

« Que ça soit le vaccin ou tout médicament qu’on administre ou qu’on ingère, il peut avoir des effets secondaires mineurs. Quand vous voyez la notice de certains médicaments, c’est inscrit effet secondaire. On ne peut pas le prévoir. Ce qui est extrêmement important, c’est de rassurer la population. Lorsqu’une personne vient pour recevoir son vaccin, il doit y avoir une communication entre le vacciné et le vaccinateur. Ce dernier va lui expliquer que le produit qui lui sera administré, est contre telle maladie. Une fois que c’est fait, vous pouvez avoir tel ou tel effet, c’est passager mais quand ça persiste, il faut se rendre dans un centre de santé. Ça rassure davantage. Les effets secondaires sont en majorité mineurs. Ça peut déclencher des maux de tête, des courbatures, la fièvre. Certains peuvent avoir un peu de nausée, de vomissement mais ça ne dure que 48 heures maximum et ça passe », souligneDr Ibrahima Diarra.

Et au médecin biologiste Boubacar Sidiki Brahim Dramé d’ajouter : « Quand vous êtes vaccinés, votre organisme va sentir ce vaccin comme s’il a affaire avec un virus vivant capable de le nuire. Cette réaction peut se faire avec des réactions inflammatoires au point de piqûre et généralisée parce que les anticorps vont être mobilisés, de même que les cellules qui produisent les anticorps ainsi que les cellules de l’inflammation. Tout ceci sera mobilisé pour faire face à cette agression qui est annoncée. »

Malgré des réticences à se faire vacciner, la 2e phase de la campagne lancée en août, a connu un peu plus d’engouement, selon le directeur national de la vaccination.« Nous avons agi pour rassurer la population, ce qui a suscité l’engouement autour de cette campagne. Je pense qu’aujourd’hui, le nombre de sceptiques a diminué. Même si le gens se réservent, ils ne sont pas nombreux. Aussi, la vaccination s’est imposée parce que pour voyager en Europe aujourd’hui, il faut se faire vacciner. Tout cela a suscité la demande chez les Maliens à adhérer à cette vaccination », affirme le Directeur du Centre national de vaccination.

Au 17 novembre 2021, plus de 280 000 personnes qui ont complètement été immunisées au Mali et 78 823 qui n’ont pas encore reçu leur deuxième dose, tandis qu’au Burkina Faso c’est plus de 390 000 personnes qui ont été vaccinées.

Mody Kamissoko, Agaïcha Kanouté, Augustin K. Fodou

*Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l’IMS, financé par DANIDA.

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