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dimanche, 17 novembre, 2024

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31 décembre, fête propice à toutes sortes de postures…

Décembre est, on le sait, le douzième et dernier mois de l’année, comprenant trente et un jours. On sait aussi que le 25 décembre est célébrée la fête chrétienne commémorant la naissance de Jésus-Christ : Noël. Il serait bien venu d’ajouter que cette fête, quoi qu’obéissant à un principe religieux, n’en demeure pas moins dispendieux, avec les repas copieux, les libations, les jouets à offrir aux enfants en guise de cadeaux… A ce sujet, j’ai une pensée émue pour tous mes amis chrétiens et toutes leurs familles.

Après Noël, vient le 31 décembre, jour où l’on fête la fin de l’année, jour où l’on se souhaite les uns aux autres les meilleurs vœux pour le nouvel an. D’aucuns, seuls, quiets, préfèrent dresser un bilan de l’année écoulée, alors que d’autres festoient, invitent copain ou copine en boite, s’habillent chic, et font exploser des pétards à minuit sonnant, pour annoncer le nouvel an. Mais, ouvrons ici une parenthèse pour dire qu’il est difficile -pour moi en tout cas- de parler du 31 décembre sans évoquer le sempiternel débat qu’il soulève, et qui est loin d’être réglé dans le monde musulman.

En effet, c’est désormais un secret de polichinelle que de demander si « un musulman peut fêter le 31 décembre, la fête de fin d’année ». La question n’est pas encore tranchée, et continue de mettre aux prises les oulémas, foncièrement divisés. Il y a ceux qui pensent que c’est haram, pour être direct, de fêter le jour du 31 décembre, arguant que le mois dont il s’agit ne figure nulle part dans le calendrier musulman, et donc ne pourrait en rien concerner un musulman. Aussi, ajoutent-ils, que ce sont les chrétiens qui sont en réalité concernés. A la périphérie de cette manière de voir, il y a aussi ceux qui sont d’avis que le musulman peut bel et bien fêter le nouvel an, mais à la condition absolue qu’il se garde de consommer tout ce qui est haram. Ces derniers sont, eux, les modérés.

Dans quel camp se ranger ? Difficile. Sans vouloir vraiment trancher, ma conviction à moi est qu’on peut, en tant que musulman, s’offusquer des diatribes contre l’Islam d’Oriana Fallaci, ou celles en provenance des Etats-Unis, et répondre à une invitation d’un ami chrétien le jour de Noël voire du 31 décembre. Fermons cette parenthèse.

Quand arrive le 31 décembre, il règne dans les rues comme un climat de foire. Les jeunes s’emballent, se grouillent pour faire des petits boulots, histoire d’avoir de quoi faire la fête. Ceux qui ne parviennent pas à se tirer d’affaire, sont gagnés par la dépression, et ont le sentiment de vivre dans une maudite période. Ils se sentent merdeux, piteux car il y a « elle », la copine, qui leur a dit les yeux dans les yeux qu’elle ne sortira le 31 décembre qu’avec le mec le plus offrant- comprenne qui pourra.

Inutile de dire aussi qu’en cette période de vaches maigres, côté vente, la fête de fin d’année est un tremplin pour les magasins de vêtements, de chaussures ; les salons de coiffure et tout et tout. Mais, elle l’est aussi pour les belettes, qui plument, pigeonnent plusieurs mecs à la fois : elles prennent avec eux de l’argent en promettant de les accompagner la nuit de la fête de fin d’année, mais n’ont pas la frousse de poser un lapin. Voilà un phénomène qui est à la pointe de la mode chez les filles. C’est vraiment fantasmer que de vouloir sortir avec plusieurs « mecs » à la fois, à moins qu’on ait un don d’ubiquité. Et il est clair pour quiconque réfléchit qu’il est impossible de se mettre à la fenêtre et se voir passer en même temps dans la rue, comme nous l’enseigne Auguste Comte.

Voilà donc pour le 31 décembre, une fête qui mobilise de plus en plus l’attention de beaucoup de monde, surtout les jeunes toujours enclins à ambiancer. Une fête qui excite, passionne, galvanise d’une part ; et d’autre part, qui sonne le glas des relations amoureuses, déçoit, déprime en ce sens que toutes les filles semblent se rassembler sous l’étendard de la coquetterie, de la duperie. Mais c’est aussi une fête propice à toutes sortes de postures, extrémistes comprises.

Bonne fête de fin d’année à tous et à toutes !

Bonne année 2018.

 Ce texte a d’abord été publié en 2014 sur le blog de l’auteur L’Etudiant Malien

 B. Sangaré