Dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, juge la situation des droits de l’homme très préoccupante au Mali.
Dans les régions du centre (Ségou, Mopti), le rapport souligne une expansion des groupes extrémistes violents qui portent atteinte aux « libertés fondamentales de circulation, de religion et de conscience. » Outre que les opérations antiterroristes menées par les forces armées maliennes ont aussi conduit à des violations des droits de l’homme, indique António Guterres.
L’armée malienne est impliquée dans 33 violations parmi les 170 cas recensés par la mission de l’ONU (Minusma) ces trois derniers mois, « contre 112 cas et 348 victimes au cours de la période précédente, dont 1 disparition forcée, 5 cas de mauvais traitements et 28 cas de détentions illégales ».
En septembre dernier, l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a publié un rapport dans lequel elle indiquait que les opérations militaires donnaient lieu à des abus dans le centre du Mali. « Le gouvernement ne tolérera pas des attaques sans fondement qui sont de nature à saper le moral des forces armées maliennes », avait réagi le ministre des droits de l’homme, à l’époque Me Kassoum Tapo, dans une sortie musclée.
« Le respect des droits de l’homme doit prévaloir »
Le secrétaire général de l’ONU indique que lors du raid de l’Opération Barkhane, le 1er octobre à Kidal, parmi les sept personnes arrêtées, « au moins deux ont été détenues arbitrairement ». De fait, les militaires français ont mené une perquisition musclée chez le riche homme d’affaires, Mahamadou Ag Rhissa, qui serait impliqué dans le transport de migrants et la contrebande du carburant. Au cours de son arrestation avec six autres personnes, trois véhicules ont été brûlés. « Il y a de nombreux amalgames et incompréhensions entre toutes les parties prenantes impliquées dans la crise malienne. Le respect des droits humains doit toutefois prévaloir et sur toute l’étendue du territoire, quelle que soit la force anti-terroriste en question », avait expliqué à Sahelien.com Kamissa Camara, spécialiste des questions politiques au Sahel.
21 enfants séparés des groupes armés
Selon António Guterres, seule la région de Kidal a connu une diminution des atteintes aux droits de l’homme, « à la suite de la signature des engagements par la CMA et la Plateforme. La CMA a libéré 23 individus capturés lors des affrontements de juillet 2017 avec la Plateforme, mais détient encore 6 personnes et la Plateforme 1. »
Les violations n’épargnent pas les enfants. Depuis août 2017, ce sont 21 enfants qui ont été séparés des groupes armés. « Une action de sensibilisation continue de viser la libération de quatre autres enfants de 16 à 17 ans, qui étaient précédemment associés à des groupes armés et sont encore dans des centres de détention gérés par le Gouvernement depuis avril 2015 », ajoute le rapport. Ainsi, après la signature le 5 mars du plan d’action sur les violations graves (recrutement, utilisation, violence sexuelle) commises contre les enfants avec l’ONU, la Coordination des mouvements de l’Azawad a désigné des personnes chargées de sa mise en œuvre à Bamako, Kidal, Tombouctou et Gao.
Sidi Ahmed S.