C’est une marée humaine qui a envahi les rues de Bamako ce vendredi 8 juin à l’appel de l’opposition politique et des associations de la société civile. Elle intervient une semaine après la répression violente par des forces de l’ordre de leur marche ‘‘pacifique’’ interdite par les autorités qui avait fait une vingtaine de blessés.
De la place de la liberté à la Bourse du travail, les manifestants ont scandé plusieurs slogans : « Libérez l’ORTM », « On ne veut plus IBK », « On veut des élections libres… » Les points de revendication sont donc entre autres l’organisation des élections libres, transparentes et dans le délai constitutionnel. Autre point de revendication est l’égal accès aux médias d’Etat en l’occurrence l’ORTM (Office de radiodiffusion et télévision du Mali).
« Le débat doit avoir lieu dans ce pays«
Pour Mahamadou Igor Diarra, candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet prochain, ils sont sortis pour indiquer que « le débat doit avoir lieu dans ce pays, et qu’il doit être de surcroit télévisé ». Selon lui, les médias publics doivent s’intéresser à tout le monde. M. Diarra s’est, par ailleurs, dit heureux de voir des manifestants sortis massivement pour le Mali. « C’est le Mali qui gagne », a-t-il souligné.
Amadou Cissé est le président des jeunes du Parti FARE de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé. Il manifeste aujourd’hui, selon ses dires, pour « préserver la démocratie au Mali ». Pour lui, le régime d’Ibrahim Boubacar Keita est en train de « s’endurcir » et de s’étonner : « ceux-là qui nous ont empêché de manifester la semaine dernière étaient avec nous en 89, 91 pour cette même liberté ».
« Des élections transparentes »
« Le peuple malien est prêt à se battre pour préserver les droits fondamentaux, les libertés individuelles et collectives conférés par la constitution de 1992 », a martelé, pour sa part, Ibrahim Ikassa Maïga, chargé de cours à l’université de Bamako, venu marcher aussi pour dire non « à la mainmise de l’Etat sur l’ORTM ». Il a invité par la même occasion, les autorités à l’organisation d’une élection présidentielle dans la transparence.
Les manifestants ont aussi profité du rassemblement pour évoquer l’arrivée des premiers lots de cartes d’électeurs. « Nous saluons l’arrivées des nouvelles cartes d’électeurs mais nous ne sommes pas confiants », a indiqué Moussa Diawara, président de « Mali émergence », une association qui soutient la candidature d’Aliou Boubacar Diallo, président d’honneur d’ADP-maliba (Alliance démocratique pour la paix).
Pour Me Demba Traoré, secrétaire général du principal parti d’opposition URD (Union pour la République), les partis doivent participer à tout le processus électoral. « Il y a eu une relecture de la loi électorale, et cette relecture exige des représentants de l’Etat, d’associer tous les partis politiques à la fixation du nombre de bureau de vote et leur emplacement. Nous avons compris que certains préfets ne sont pas en train de le faire ». Et d’ajouter : « le ministre a été informé et dit ne pas être au courant. Et on nous demande de faire confiance à ce processus… ».
Un premier lot de cartes d’électeurs est arrivé à Bamako le 5 juin dernier et le reste est attendu la semaine prochaine selon les autorités. Les opérations de distribution de ces cartes débuteront le 20 juin. Déjà la classe politique se pose des questions quant à la capacité du gouvernement d’acheminer ces cartes dans les zones où l’administration n’est pas présente.
Sory Kondo