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Au Sahel, la sécurité impossible sans vision intégrative

En marge du Forum de Dakar, une rencontre a réuni des acteurs militaires, civils, académiques te diplomatiques, à l’initiative de l’observatoire peul, Kisal. Objectif : mutualiser des ressources (réseaux, outils, savoirs), « de manière intégrative, afin d’appuyer les efforts des institutions et organisations nationales et supranationales, dans l’endiguement des phénomènes de vulnérabilité des populations du Sahel à la radicalisation violente de leurs plaintes sociales et politiques ».

Pour accompagner les Etats du G5 Sahel et ses Etats dans leur mission de sécurisation des populations, l’Observatoire peul, KIsal, a réuni des acteurs civils, militaires, diplomatiques et académiques, le 12 novembre, à Dakar, sous le thème « La vulnérabilité des populations rurales et pastorales à la radicalisation violente au Sahel : Vers une approche intégrative de la sécurité humaine ».

Kisal, association dont le nom signifie en peul « l’aide, la surveillance », créée en novembre 2015, est la branche droits humains de l’association Tabital Pulaaku International, et vise à donner une voix aux communautés d’origine nomade en Afrique de l’Ouest. Selon son Président, Dougoukolo Alpha Oumar Ba-Konaré, psychologue clinicien et enseignant en langues et sociétés peules (INALCO, Paris, France), l’objectif de cette rencontre était de mutualiser des ressources (réseaux, outils, savoirs), « de manière intégrative, afin d’appuyer les efforts des institutions et organisations nationales et supranationales, dans l’endiguement des phénomènes de vulnérabilité des populations du Sahel à la radicalisation violente de leurs plaintes sociales et politiques ».

« Nous préférons à la notion condensée de radicalisation des populations ou d’indigénisation des groupes armés idéologiques, la notion de vulnérabilité des populations aux radicalisations diverses (religieuse, ethnique, territoriale, etc.) du fait de facteurs multiples sous-tendus par l’insécurité institutionnelle et physique, et de développement humain », indique Dougoukolo Alpha Oumar Ba-Konaré.

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Au sahel, plus précisément dans les limites des frontières entre les trois pays (Mali, Burkina Faso, Niger), appelées Liptako Gourma, la force conjointe du G5 Sahel a lancé ses opérations il y a quelques semaines. Une autre opération militaire qui ne rassure pas les populations civiles déjà terrorisées par les activités des groupes armés (terroristes, communautariste, etc…). Pour Kisal, ces craintes des populations doivent être intégrées dans les politiques du terrain. « Toute initiative visant à agir dans les territoires vivant sous l’équilibre du chaos doit intégrer pleinement les potentialités, les peurs et les opportunités proposées par les populations. » D’autant que la force conjointe est déployée dans un contexte où le rapport à l’armée, notamment côté malien et burkinabé, est marqué par des accusations d’exactions contre les populations civiles.

Des populations vulnérables

Les échanges ont surtout rappelé la nécessité pour les opérations militaires de ne pas céder à l’amalgame, très fréquent, entre certaines communautés et les groupes armés, notamment « djihadistes ». Comme c’est souvent le cas entre les Peuls et les groupes terroristes qui écument le Centre du Mali. Le caractère multidimensionnel des problèmes sécuritaires au Sahel a été relevé. « En premier lieu, la composante politique de la crise sécuritaire et des questions de droits humains au Sahel reposerait sur des éléments politiques mêlant la faiblesse des processus d’intégration des populations aux plans, à la compétition pour la représentation politique de chaque partie concernée. La compétition entre élites contribue à la rivalité sur le terrain, entre les communautés, avec la prolifération de milices appuyées depuis les espaces décisionnaires. », a rappelé l’un des participants.

Une autre dimension non moins importante : le coût humanitaire des opérations de contre-insurrection, « où des combats fréquents en zones peuplées affaiblissent la résilience des civils et les exposent aux feux croisés, tout en systématisant la création de zones grises où l’Etat est absent. » Ensuite, dans leur façon de traiter les problèmes sécuritaires, les Etats créent des frustrations qui peuvent sous-tendre des conflits intercommunautaires : les arrestations de Peuls dans les régions de Tahoua et de Tillabéri au Niger ainsi qu’au Centre du Mali. « Les arrestations amènent des crises sociales, économiques et psychologiques, du fait de l’extraction des hommes de leur communauté et de l’isolement et l’incertitude de ceux qui restent sans eux. », estime Kisal, dans la note d’analyse dontSahelien a reçu copie.

Présent à la rencontre, le représentant spécial des Nations Unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a mis l’accent sur le « besoin pour les divers États et institutions de la zone sahélienne d’avoir des interlocuteurs de qualité chez les divers groupes et acteurs du terrain.»

Sidi Ahmed S.