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Crise malienne: la France entre la «Taqwa» et la «Takuba»

La sortie hasardeuse et peu diplomatique de Koro (grand frère en Bamanankan) Salif Keïta vient de couronner ce que l’on peut aller le «french basing» des Maliens depuis des semaines.

L’opinion publique et la presse malienne tirent à «boulets rouges» sur la France. Le pays est divisé entre les pro et les anti-français, depuis les dernières attaques des camps militaires maliens au Centre et au Nord du pays. Il est reproché à la France son manque de partage d’information et son incapacité à secourir l’armée malienne lorsqu’elle est dans le besoin. Le renseignement malien est quasi inexistant, l’actuel ministre de la Défense malien l’a reconnu en demi-mot devant les députés ; celui de la France est mis en doute car, il n’a été à hauteur de souhait jusqu’à présent.

Les opérations se suivent et se ressemblent

Le Mali semble être un terrain d’entraînement et d’essai pour l’armée française en terme d’utilisation d’armes et de création d’opérations militaires.

En effet, en seulement 7 ans, l’intervention militaire française au Sahel en général, mais plus précisément dans le Nord du Mali s’achemine vers sa troisième opération militaire. Si François Hollande, l’ancien Président français en son temps avait envoyé son armée en appui à l’armée malienne pour stopper l’avancée des djihadistes vers le sud du pays sous le nom de l’opération Serval, cette opération a changé de nom après la reconquête du Nord du Mali pour devenir Barkhane en août 2014.

Lors sa dernière visite au Mali, la ministre de la Défense française, Florence Parly, a émis l’idée de la création d’une nouvelle force au Mali dans les jours à venir avec la participation des autres pays de l’Union européenne. Mais, bon nombre de Maliens se demandent: quel est l’impact réel de ces opérations militaires françaises dans notre pays?

En effet, après 7 ans d’intervention militaire au Mali, le bilan de l’armée française est mitigé malgré la perte en vie humaine dans ses rangs. De 2013 à nos jours, l’armée malienne n’arrive pas à asseoir sa puissance dans une bonne partie du pays malgré l’aide militaire française et la formation reçue par les militaires maliens à travers l’EUTM (European Training Mission).

L’implication des pays d’accueil

Je reproche à la France la non association des hauts gradés des pays où les hommes de l’Opex interviennent dans la conception des opérations. Je pense que les opérations françaises ne répondent pas généralement aux besoins des pays d’accueil.

Je reproche à la droite française d’avoir mis le feu en Lybie, sachant bien que cette guerre allait avoir des conséquences négatives sur l’ensemble de la zone du Sahel.

J’accuse la gauche sous Hollande, d’avoir privilégié les rebelles et leurs alliés (des conseillers au Quai d’Orsay) sur le gouvernement souverain du Mali.

Pour sortir le Mali et le Sahel de ce bourbier, l’actuel gouvernement français qui se dis et de “droite” et de “gauche” doit revoir la philosophie de son intervention militaire au Mali, en prenant en compte les preoccupations de l’opinion publique malienne, en associant nos hauts gradés dans la conception de leur opération militaire et en fin, en indiquant clairement les objectifs de leur intervention. Ce grand besoin de clarification de départ et d’autres peut-être aussi une solution après la rencontre que le Président Macron vient de convoquer à Pau avec les présidents des États membres de la G5 Sahel.

Le problème du Mali ne sera point résolu par la France ou une autre puissance, mais ceux-ci peuvent nous aider à trouver des solutions s’ils sont de bonne foi.

Entre les djihadistes islamistes qui sont les fervents défenseurs de la «Taqwa» – la crainte de Dieu- et nous autres Maliens soucieux de la stabilité de notre pays, la «Takuba» peut être la bienvenue à condition de prendre les préoccupations des Maliens en compte.

Yacouba Dramé

Les points de vue exprimés dans l’article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux  de Sahelien.com.