Face à la recrudescence de l’insécurité dans la ville de Gao, des jeunes volontaires ont mis en place une brigade de veille, opérationnelle depuis mi-juillet. Reportage en immersion avec les superviseurs dans les rues de Gao.
Nous sommes au quartier général des patrouilleurs, ce vendredi 11 août. Les superviseurs donnent les dernières consignes et font les derniers réglages. Il est minuit 30, la mission de supervision débute au quartier Gadèye encore appelé 2ème quartier. Nous embarquons dans l’un des véhicules en compagnie du superviseur Abba Hamane pour sillonner les grandes artères et les rues de Gao.
Dans la ville, des jeunes ont érigé des barricades de fortune aux différents postes de contrôle et nous signalent leur présence à l’aide de torche. A chaque 50 mètres environ se trouve une barrière. Les contrôles d’identité et de vignettes de motos sont réguliers. « Je suis très content. Avant-hier, des motos volées ont été retrouvées à la gendarmerie grâce au contrôle. Je les encourage à continuer la patrouille », a indiqué un motocycliste.
A Sossoikoira, plus précisément dans l’angle de l’école fondamentale, plusieurs braquages ont eu lieu à la tombée de la nuit. Depuis que la brigade de veille est en place, aucun incident n’a été enregistré selon le superviseur Mikeylou Napon : « ça fait trois semaines qu’on n’a pas entendu parler de braquage ou d’agression. Le résultat est positif et on a le soutien de la société civile ».
Et un autre membre de l’équipe de supervision d’ajouter : « les résultats sont probants, il n’y a pas mort d’homme depuis que nous avons commencé l’activité. Nous avons récupéré quelques motos qui ont remises aux forces de sécurité. Les propriétaires des engins peuvent aller les récupérer avec des pièces justificatives auprès des autorités compétentes ».
Malgré la volonté et la détermination de ces jeunes issus des différentes communautés, des difficultés demeurent. « Les jeunes manquent de nourriture, ils ne sont pas protégés, car pour combattre l’insécurité il faut avoir des équipements. Mais comme nous ne sommes pas des militaires, on est pas habilité à avoir des armes », a souligné Djitteye, membre de l’équipe de supervision.
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Nous continuons le tour de la ville sans avoir rencontré les forces de défense et de sécurité, ni les éléments du mécanisme opérationnel de coordination (MOC). « Vous êtes avec nous depuis minuit trente et jusqu’à présent, vous n’avez pas rencontré de force de sécurité nationale ou étrangère. C’est des jeunes qu’on rencontre dans la rue en train de sécuriser leur propre population », nous explique Abba Hamane.
Selon les membres des mouvements de résistance civile toutes les forces présentes dans la ville ont été informées avant le début de ces patrouilles. « On a participé à plusieurs rencontres de sécurité où on a expliqué notre objectif qui est vraiment d’aider les forces de sécurité à protéger les personnes et leurs biens », a affirmé Hama Djamoin, membre des mouvements de résistance civile. C’est également lui qui a assuré, cette nuit-là, la permanence au quartier général des jeunes patrouilleurs.
Toute la nuit, les superviseurs circulent pour sensibiliser les jeunes à la non-violence et à être courtois envers la population. La supervision se fait en collaboration avec les chefs de secteur, les chefs de base et de poste. En cas d’arrestations, la brigade de veille alerte les forces de sécurité pour poursuivre le travail.
Il est 4heures du matin, nous retournons au quartier général des patrouilleurs. Les superviseurs se rassemblent pour discuter et faire le bilan de cette nuit-là. Dans 30 min, aucune barrière ne sera visible dans les rues de la cité des Askia.