« Non à 10 Mo à 200 FCFA », « Stop aux arnaques d’Orange Mali », « (Dé)range » à la place de « (O)range ». Ce sont là, quelques slogans, des internautes maliens dénonçant, la cherté de la connexion internet, et la mauvaise qualité du service.
Les initiatives se multiplient sur les réseaux sociaux, avec une journée de boycott prévue, ce mardi 1er décembre.
« Une des dérives qu’on constate, est que Orange-Mali, est en train de dévier sa politique, pour que les gens utilisent une connexion mobile 3G, alors que ces connexions sont limitées en termes de quota. Elles sont extrêmement chères. Un giga de transfert coûte 7500 FCFA et c’est limité. Tout est fait pour qu’Internet s’arrête au besoin strict, qu’on a déjà identifié », déplore Renaud Gaudin, du collectif #Mali 100 Méga, une initiative du secteur TIC du Mali, pour une amélioration des connexions Internet fixe, tant en débit qu’en coût.
Cette campagne vise particulièrement l’opérateur Orange, « parce qu’il a la plus grosse part de marché au Mali, et Malitel ne fournit pas un service qui est jugé acceptable par les clients », précise M. Gaudin.
Orange-Mali, pour sa part, justifie les prix pratiqués par deux raisons principales. Selon la directrice marketing, Anouk Bertucat, la première, est la situation géographique du pays. « Le Mali est un pays enclavé, et pour pouvoir être connecté à l’international, nous dépendons du Sénégal et de la Côte d’Ivoire », indique-t-elle.
Le deuxième point, d’après Mme Bertucat est que, Orange-Mali, n’est pas l’opérateur historique. « Ça veut dire qu’on ne bénéficie pas des infrastructures qui avaient été créés depuis des décennies. La paire de cuivre, quand, elle est de très bonne qualité, permet de développer des solutions ADSL, de faire internet à très haut débit. C’est ce que fait, la SONATEL au Sénégal, et Orange en côte d’ivoire, puisque ce sont des opérateurs historiques. Ici au Mali, la paire de cuivre appartient à la SOTELMA, mais elle n’est pas de très bonne qualité à l’origine. Et comme le cuivre, a de la valeur, il y a des personnes qui dérobent les lignes de cuivre pour les revendre. Il y a très peu de lignes fixes, et le cuivre n’est pas de très bonne qualité », soutient-elle.
Et d’ajouter : « Il a fallu qu’on travaille avec les technologies radio plutôt que le cuivre. Quand on a vu que les standards des marchés internationaux sur les débits internet étaient en train de monter et que notre technologie WiMAX ne pouvait pas y répondre, on a postulé pour obtenir des fréquences 4G. Il y a la 3G qui peut faire de la data mobile, la 4G qui peut être utilisée, soit pour faire de l’internet mobile avec plus de débit, soit pour faire de l’internet fixe en illimité. Et c’est ce qu’on a demandé depuis deux ans et demi ».
Contactée par Sahelien.com, l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC (AMRTP), indique que les conclusions de sa récente étude sur la 4G, seront bientôt publiées. « A la suite de cette étude, on pourra dégager le prix de la licence, et les fréquences qui doivent être utilisées pour ce type de service. Les opérateurs qui voudront faire de la 4G devront acheter une nouvelle licence », souligne Issa Camara.
Comment se fait le contrôle de la qualité et des tarifs ? « Tous les trois mois, nous faisons le contrôle de qualité de service. Nous sillonnons la ville avec nos équipements de mesure. A la fin, nous les publions ou, nous les mettons sur notre site internet. Cela se fait de façon courante. Actuellement nous avons acquis des équipements de contrôle de qualité de service, qui seront bientôt déployés. Ils pourront en temps réel, indiquer comment le réseau se comporte, quelle est la qualité dans une zone bien déterminée », poursuit M. Camara.
Par rapport au contrôle des tarifs, il indique que des mesures se font en interne pour voir si réellement, la minute correspond au prix de l’opérateur.
En cas de non-respect, l’AMRTP ajoute qu’elle notifie à l’opérateur, que la qualité n’est pas bonne dans tel endroit, pour tel service bien donné. « On lui donne un délai pour se corriger. Arrivé ce délai, on passera voir si réellement l’opérateur, a corrigé la défaillance. Si ce n’est pas fait on peut sanctionner, parce qu’on a le pouvoir de sanctionner. C’est la même procédure pour les prix », explique M. Camara.
Selon Renaud Gaudin du collectif #Mali 100 Méga, le secteur des télécoms est « extrêmement opaque ». C’est pourquoi, le collectif souhaite réunir autour d’une même table, l’AMRTP, le ministère de l’économie numérique, de l’information et de la communication, les deux opérateurs de téléphonie, en présence de la commission qui s’occupe des TIC à l’Assemblée nationale et des journalistes, pour qu’ils expliquent à la population, comment les licences sont attribuées, les conditions auxquelles les opérateurs doivent souscrire. Il faut qu’on situe les responsabilités, savoir pourquoi le service des deux opérateurs est mauvais », affirme-t-il.
La situation n’avance pas, regrette M. Gaudin. « A chaque fois qu’on rencontre un acteur, il nous dit de manière officieuse, que c’est la faute de l’autre » a-t-il conclu.