Exfiltrés pendant l’occupation du nord du Mali, en 2012 par les terroristes, les manuscrits anciens de Tombouctou retrouvent un nouveau souffle à Bamako.
L’ONG Sauvegarde et Valorisation des Manuscrits pour la Défense de la Culture Islamique, SAVAMA DCI, est l’une des structures qui restaure et numérise ces anciens documents.
« Ici, on fait la confection des boîtes pour protéger les manuscrits contre la poussière, l’humidité, la chaleur et aussi contre les mauvaises manipulations. Les boîtes permettent de prolonger la vie des manuscrits », explique Fousseni Kouyaté, responsable de la conservation physique des manuscrits.
Exposés à divers aléas, les manuscrits sont d’abord nettoyés. C’est un travail qui demande beaucoup de patience vue leur fragilité.
Après le dépoussiérage, une attention particulière est accordée au catalogage.
Une section est dédiée à la classification des documents et s’occupe de toutes les informations concernant les manuscrits notamment leur état, le titre et l’auteur.
Une fois ce travail terminé, ils sont paginés, enregistrés dans la base de données et ensuite acheminés au laboratoire de numérisation
Chaque studio est composé d’un appareil photo connecté à un ordinateur. Entre 500 et 600 images qui sont numérisées quotidiennement.
« Les images sont stockées dans l’ordinateur et après deux ou trois jours de travaux, elles sont transférées sur le disque dur externe et ensuite copiées sur le serveur », indique Souleymane Diarra, chef section numérisation
La plupart des manuscrits sont détenus par des familles à Tombouctou. Et certaines sont réticentes à leur numérisation.
« Il y a certains détenteurs de manuscrits qui ne sont totalement pas d’accord avec la numérisation, parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi on fait la numérisation. Donc on a besoin de les sensibiliser pour qu’ils comprennent que la numérisation fait partie intégrante de la conservation des manuscrits », affirme Abdel Kader Haïdara, président exécutif de l’ONG SAVAMA-DCI
Ces textes écrits par des érudits originaires de l’ancien empire du Mali, comprennent une grande variété de sujets.
Selon Dr Abdoulkadri Idrissa Maïga, directeur de l’Institut Ahmed Baba de Tombouctou, « il y a tout, d’abord en termes de discipline, mais aussi en termes de domaine. Nous avons des manuscrits qui parlent de la corruption, de la bonne gouvernance, de la gestion des conflits, de la transformation des sociétés et ainsi de suite… »
Le défi aujourd’hui, reste l’exploitation des documents par un large public. Mais il faut les traduire d’abord dans les autres langues.
« On est qu’à nos débuts, mais rassurez-vous, on ne peut dire que notre mission est accomplie que lorsque les contenus des manuscrits arrivent à être exploités par tous les chercheurs. Et cela ne pourrait pas être le cas si la traduction n’est pas faite en français, en anglais sinon même dans les langues locales : en bambara, en peulh, en songhay… »
Selon le président exécutif de SAVAMA-DCI, les manuscrits restaurés vont retourner dans leur bibliothèque d’origine lorsque les conditions de sécurité seront réunies.