A petits pas, le Mali s’achemine vers trois types de scrutins couplés : les élections locales, les élections régionales et les élections communales partielles. Mais, d’ores et déjà, des voix s’élèvent pour demander au gouvernement le report.
Au Mali, c’est le 5 octobre dernier que le Conseil des ministres a adopté les décrets de convocation du collège électoral pour le 17 décembre. Une date à laquelle sont prévues les élections communales partielles, les élections locales et celles régionales. Les régions de Ménaka et de Taoudéni, qui viennent d’être rendues opérationnelles, ne sont pas concernées par ces élections, selon le ministère de l’Administration territoriale.
Les élections communales partielles auront lieu dans les 59 communes, à en croire le ministère, où le vote n’a pas pu se tenir en novembre 2016 en raison de l’insécurité. Ces communes sont localisées au Centre et au Nord du pays. D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour demander le report de ces scrutins déjà reportés à plusieurs reprises.
Dans les rangs des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), on dénonce une « logique unilatérale » du gouvernement « d’organiser les élections communales et régionales en convoquant le collège électoral sans discussions préalables avec les parties signataires (de l’Accord, ndlr) ». Dans un communiqué en date du 28 octobre, Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, pointe du doigt la non prise en compte par le gouvernement de certains aspects politiques inscrits dans l’Accord, à savoir « l’opérationnalisation des Autorités Intérimaires, l’organisation du retour des réfugiés/déplacés, la révision des listes électorales, la relecture des lois portant libre administration et codes des Collectivités Territoriales et bien d’autres aspects y afférents ». La CMA a donc demandé un report de ces élections en attendant « la mise en place des conditions optimales, idoines et transparentes pour la tenue de ce rendez-vous décisif pour l’ensemble des populations ».
Au Mali, la question des réfugiés reste une épine dans le pied du gouvernement. Selon le HCR, ils étaient 143 103 réfugiés et 498 170 déplacés internes à la fin juin 2017. Le nouveau code des collectivités territoriales, promulgué le 2 octobre dernier, a aussi été rejeté par les mouvements signataires (CMA et Plateforme) de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Selon ces mouvements, le texte s’éloigne de l’Accord. Un avis qui est partagé par Moussa Mara, président du parti Yèlèma (changement). Dans une tribune publiée il y a une semaine, l’ancien Premier ministre estime que « nos autorités auraient été bien avisées d’écouter les mouvements signataires qui, dans ce dossier, ne semblent pas avoir tort ».
« L’article 6 de l’Accord est assez explicite et sans ambiguïté dans sa formulation quand il consacre le Président élu de la Région comme le chef de l’exécutif et de l’administration de la Région. Cette disposition est très largement battue en brèche par la Loi n° 2017- 051 qui indique que le Président élu du Conseil régional n’est que le chef de l’organe exécutif et de l’administration de la collectivité territoriale de la Région. Ce qui est différent de la lettre et de l’esprit de l’Accord pour la paix et la réconciliation », écrit-il.
Face à tous ces obstacles, nombreux sont ceux et celles qui sont d’avis que l’incertitude plane sur ces scrutins.
Sidi Ahmed S.