Dans la capitale malienne, plus précisément à Niamakoro, un quartier de la commune VI du district de Bamako, Mme Diarra Mariam Samaké ne passe pas inaperçue. Avec sa moto, elle livre, chaque matin, le pain à ses clients.
Le travail de Mariam commence à 5h 30 à la boulangerie. En cette période de l’année où l’harmattan sévit, le réveil est difficile. Mais la livraison n’attend pas. « Quand j’arrive, je demande aux boulangers de se dépêcher surtout si c’est pendant l’année scolaire. Les clients sont pressés parce que les enfants vont à l’école », explique-t-elle.
Cela fait huit ans que cette mère de deux enfants s’est lancée dans la vente de pain. Elle s’approvisionne dans deux boulangeries de la capitale et livre environ 400 baguettes par jour. Selon Diakaridia Coulibaly, un de ses fournisseurs, Mariam a toujours été une battante. Elle vient charger sa caisse et paye régulièrement, affirme-t-il. Et de poursuivre : « Je suis boulanger depuis 1990. De Sikasso en passant par Koutiala, Ségou et Bamako, je n’ai jamais connu une autre femme qui exerce ce métier. Je la trouve très courageuse et c’est le courage qui fait l’Homme ».
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Sept jours sur sept, Mme Diarra Mariam Samaké sillonne les quartiers de sa commune à moto. A la question de savoir comment est-elle venue dans le métier, Mariam répond que c’est son grand frère, propriétaire d’une boulangerie, qui l’a encouragée à vendre le pain.
A ses débuts, Mariam portait les baguettes dans une bassine sur la tête et faisait du porte-à-porte pour écouler sa marchandise. Quelques mois après, son petit frère lui a offert une moto communément appelée « Jakarta » et une caisse pour mieux protéger le pain. « J’avoue que cela m’a beaucoup aidé. Avant, je faisais plusieurs va-et-vient à la boulangerie. Les clients étaient pressés et moi-même je me fatiguais beaucoup. Mais avec la moto, je suis plus rapide et ça m’a plus passionnée », explique-t-elle.
Et de poursuivre que son mari était réticent lorsqu’elle a commencé à utiliser la moto, parce qu’il considérait comme beaucoup, que « cette activité n’est pas faite pour les femmes ». Aujourd’hui, elle fait la fierté de sa famille.
« Dans la circulation, certains automobilistes baissent leur vitre pour mieux m’observer » souligne-t-elle et « c’est une fierté pour moi d’être remarquée à cause de mon activité. Pour moi, l’essentiel est de gagner dignement ma vie ».
Avant de faire à nouveau le tour des différents points de livraison, le soir, pour l’encaissement, Mariam retourne à la maison s’occuper de sa famille. Dans l’avenir, cette femme de 49 ans souhaite avoir sa propre boulangerie et une moto en bon état.
*Cet article a été réalisé dans le cadre du projet NAILA (Nouveaux acteurs de l’information en ligne en Afrique). Il s’agit d’un projet de CFI comprenant 11 médias africains dont Sahelien.com.
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