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Moussa Ag Acharatoumane : Les démissions n’ont « aucun impact sur le MSA »

Moussa Ag Acharatoumane, leader du Mouvement pour le salut de l’Azawad, revient pour Sahelien.com, sur la fissure au sein du mouvement qu’il a co-fondé après avoir quitté le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), il y a un an.  

Créé le 2 septembre 2016, le Mouvement pour le salut de l’Azawad, dissidence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), traverse une mauvaise passe. Le 11 octobre, plusieurs de ses membres ont pris la décision de claquer la porte du mouvement. Cela, dans un contexte sécuritaire qui ne cesse de se dégrader dans la région de Ménaka, labourée par les conflits intercommunautaires et les attaques des groupes terroristes. Moussa Ag Acharatoumane, leader du MSA, nous donne des explications.

Sahelien.com : Quelle est la situation actuelle à Ménaka ?

Moussa Ag Acharatoumane : La situation à Ménaka a évolué négativement, depuis la dernière crise survenue autour de la ville de Kidal, alors que c’était une région qui avait fait un certain progrès sur le plan de la sécurité. Ce qui avait donné de l’espoir aux populations.

« Actuellement, il y a une dégradation des conditions sécuritaires, depuis l’arrêt des patrouilles mixtes ».

Sahelien.com : Qu’est ce qui caractérisait ce progrès dont vous parlez ?

Moussa Ag Acharatoumane : Ménaka a été la seule région où des patrouilles mixtes ont été organisées entre les FAMa (Forces armées maliennes, ndlr) et les forces internationales. Des patrouilles étaient organisées chaque nuit à l’intérieur de la ville de Ménaka avec 2 pick-up pour les FAMa, 2 pick-up pour le Mouvement pour le salut de l’Azawad 2 pick-up pour Gatia (Groupe armé touareg imghad et alliés), de 22 h à 6 h du matin. Ménaka était presque devenue un modèle au nord. C’était la seule région où la sécurité était assurée à 100%. La région était devenue très calme. Actuellement, il y a une dégradation des conditions sécuritaires, depuis l’arrêt des patrouilles mixtes. Les attaques sont quasi quotidiennes en ville, comme à l’extérieur de la ville. Malgré cela, le MSA n’a pas arrêté les mouvements de ses troupes pour sécuriser autant que possible les populations et leurs biens. Seul. C’est une mission difficile voire impossible.

Sahelien.com : Qui sont les auteurs des attaques dans la région de Ménaka ?

Moussa Ag Acharatoumane : Il y a le groupe de Adnane Abou Walid al-Sahraoui mais aussi des gens d’Ansar Eddine. A cela, viennent s’ajouter des bandits de tous genres … La zone est infestée maintenant.

Le 11 octobre dernier, les chefs de certaines fractions de la communauté Daoussahak ont démissionné du MSA pour rejoindre le HCUA, membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad, que vous aviez quitté. Quelles explications avez-vous à donner ?

En réalité, je tiens à préciser que sur 12 personnes annoncées, 7 ont démenti leur lettre, y compris le président du collège transitoire de Ménaka. Cela dit, cette décision n’a aucun impact sur le MSA, car ces derniers, à ma connaissance, n’ont aucune présence sur le plan militaire au sein du Mouvement, et ne sont pas membres du bureau politique. Au départ, ils ont adhéré de leur propre gré et aujourd’hui ont décidé de partir de leur propre gré. Cela ne pose aucun souci au mouvement. Siguidi Ag Madit était membre du MNLA, qu’il a abandonné pour rejoindre le HCUA, qu’il a aussi abandonné pour le Gatia. Ensuite, il est revenu à la CMA, puis le MSA et maintenant le HCUA. Cela en dit long sur le personnage, malgré que je le respecte beaucoup comme tous mes ainés. Ce sont des notables de la communauté Idaksahak et cela reste inchangé quelle que soit leur appartenance.

Ils vous reprochent d’avoir signé au Niger un accord pour combattre les Peuls et les Arabes ?

Le Niger est un grand pays et sérieux. Nulle part dans le monde, nous n’avons vu un Etat signer un document avec un individu quelconque pour combattre ses propres citoyens. Qui suis-je pour prendre un tel engagement ? Au nom de qui ? Ce sont juste des allégations sans aucun fondement. Vous savez, le terrorisme est un problème mondial, c’est une question qui incombe aux Etats ; ils sont mieux placés, mieux équipés et mieux renseignés pour faire cela. Notre mission et nos objectifs consiste à protéger les populations contre toutes formes d’agressions quel que soit l’acteur qui porte le mal. Nous assumons ce travail pour aller vers la paix, la stabilité de notre région.

Vous n’avez donc pas signé de document ?

Il n’existe aucun document.

Alors, pourquoi sont-ils partis du mouvement ?

Ils ont l’habitude de marcher entre les mouvements.  Comme je l’ai si bien expliqué plus haut.

Où en sont les relations entre les Daoussahaq et les Peuls Tollobè du Niger, qui sont en conflit depuis les années 1970 ?

Effectivement, il y a un conflit entre ces deux grandes communautés, économiquement très nanties mais qui entretiennent des relations très tendues.  Mais la nouvelle crise malienne a contribué à détériorer davantage cette crise. Nous avons fait plusieurs réunions à Tillabéry, au Niger, pour essayer de trouver des interlocuteurs peulhs afin de trouver une solution pour nos populations respectives (des peulhs, des Daousahak, des Imghads, des Ibogholitane etc…). Toutes les communautés vivant dans cette zone sont en train de subir ces nombreux crimes qu’on ne pourra pas faire porter aux communautés en question, car d’autres acteurs, souvent mieux organisés que ces populations, agissent et attisent le feu. La communauté peulh est aussi confrontée à un problème que tous les éleveurs subissent, à savoir la question des terres. Car nos Etats donnent souvent plus de priorité et de privilège aux agriculteurs, avec des lois qui dénient tout droit et propriété aux éleveurs. Cela est un véritable problème, qui fait que les nomades éleveurs ont tous les problèmes pour faire paître leurs animaux. Cette dimension doit aussi être prise en compte dans le cadre de la résolution de la crise entre éleveurs et agriculteurs, car les champs occupent trop d’espaces alors que les animaux des nomades sont à la merci de tous les problèmes.

Sidi Ahmed S.