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Kayes: des organisations réclament des enquêtes indépendantes après la mort de trois jeunes

Trois morts et plusieurs services incendiés. C’est le bilan des échauffourées qui ont éclaté, dans la ville de Kayes, à l’ouest du Mali, les 11, 12 et 13 mai 2020. Des organisations de défense des droits de l’Homme exigent des enquêtes indépendantes et transparentes.

Dans la nuit du 11 mai, un jeune motard de 17 ans a été tué par balle par un policier. Ce qui a suscité de vives tensions dans la cité des rails. Le même soir, les jeunes et femmes ont pris d’assaut les rues. Les manifestations se sont poursuivies jusqu’au 13 mai. Très remontés contre les forces de l’ordre, les manifestants ont incendié le commissariat de police, la résidence d’un commissaire, un bar et la préfecture de la ville. Au cours des manifestations, deux autres jeunes ont été tués par balles.

Exigence d’une enquête transparente

Des organisations de défense des droits de l’Homme condamnent « la bavure policière » et exigent une enquête indépendante et transparente. C’est le cas de l’Association malienne des droits de l’Homme. « L’AMDH encourage les autorités judiciaires à ne ménager aucun effort pour mener à son terme cette enquête en vue d’en situer les responsabilités, d’en informer l’opinion publique, et condamner le cas échéant, les personnes qui se seraient rendues coupables ou complices de ces actes criminels qui ne sauraient être tolérés dans un Etat de droit », a souligné, Me Moctar Mariko, président de l’AMDH, dans un communiqué.

Me Mariko a profité de cette occasion pour « réitérer sa préoccupation par rapport à la récurrence de l’utilisation excessive des forces et des armes létales dans le maintien d’ordre. A titre d’illustration, les manifestations bloquant des routes à Sikasso (Sud du Mali) en guise de protestation contre les résultats définitifs proclamés par la Cour constitutionnelle ont été violemment réprimées le 7 mai après l’intervention présumée de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT), occasionnant malheureusement plusieurs blessés graves », rappelle-t-il.

De son côté, l’ONG Amnesty international condamne « fermement l’usage excessif de la force qui a résulté en la mort de trois individus et à la blessure de plusieurs autres entre le 11 et le 12 mai à Kayes ». «Les autorités maliennes ont déclaré que la lumière serait faite sur ces incidents. Nous les exhortons à mener une enquête impartiale et transparente afin de situer toutes les responsabilités dans ces atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique des individus. Tous les responsables de ces différentes violations doivent être poursuivis et jugés à travers un procès équitable», plaide l’organisation dans une publication sur son site.

De même, Amnesty international demande aux autorités maliennes de « revoir les modes de procédure des forces de sécurité afin de prévenir dans le futur tout usage excessif de la force lors des interpellations et dans la gestion des rassemblements publics ».

La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) condamne aussi les atteintes au droit à la vie enregistrées à Kayes et invite les forces de l’ordre au respect strict des droits de l’Homme, notamment le droit à l’intégrité physique et à la vie. « Nous recommandons aux autorités judiciaires de poursuivre et traduire en justice, toute personne, y compris les agents des forces de l’ordre auteurs, co-auteurs et complices de violations des droits de l’homme », a insisté Aguibou Bouaré, président de la CNDH.

Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, le directeur régional de la police de Kayes a rassuré que le policier qui a tué le jeune motocycliste sera radié et mis à la disposition de la justice. Le procureur de Kayes a aussi confirmé l’ouverture d’une enquête depuis le 12 mai sur la mort des trois personnes.

M. A. Diallo