L’ONG de défense des droits de l’homme a lancé ce jeudi 22 février, son rapport annuel 2017/18 sur la situation des droits humains dans le monde. Selon Amnesty International, « l’intolérance des autorités à l’égard de la dissidence n’a fait qu’aggraver la crise des droits humains » dans les régions d’Afrique de l’ouest et du centre. Au Mali, le rapport fait un état des lieux de la situation des violations des droits de l’homme commises dans les régions du nord, du centre et dans le district de Bamako durant l’année précédente. Il informe sur les exactions perpétrées par les groupes armés, la liberté d’expression, l’impunité, les conditions de détention dans les centres de privation de liberté ainsi que le droit à l’éducation.
EXACTIONS PERPÉTRÉES PAR DES GROUPES ARMÉS – Les attaques se sont multipliées dans les régions centrales de Mopti et de Ségou. #AIR18
— Amnesty Mali (@amnestymali) 22 février 2018
Exactions commises par les groupes armés
Selon le rapport, « la présence accrue de groupes armés et l’intensification du recrutement local ont aggravé les tensions entre différentes ethnies », notamment dans le centre du Mali. Par ailleurs, plusieurs attaques ont visé les casques, les forces de sécurité maliennes, les militaires français de l’opération Barkhane ainsi que des civils. La plupart des attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. À la fin de l’année 2017, au moins huit personnes étaient toujours otages de groupes armés après avoir été enlevées au Mali, au Burkina Faso et au Niger au cours des trois dernières années.
Entre janvier et septembre 17, la #MINUSMA a dénombré au moins 155 attaques contre ses forces de maintien de la paix, les #FAMa et Barkhane.
— Amnesty Mali (@amnestymali) 22 février 2018
La liberté d’expression menacée
La liberté d’expression était menacée à l’approche d’un référendum sur la révision de la Constitution. En juin, des affrontements entre des personnes manifestant contre la révision et des policiers, qui ont utilisé du gaz lacrymogène et des matraques, ont fait au moins huit blessés. Condamné fin juillet pour « incitation à la désobéissance des troupes », le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, a été relaxé trois mois plus tard. La tentative d’assassinat d’un autre chroniqueur Madou Kanté a été constatée toujours au mois de juillet 2017.
Surpopulation carcérale
À la fin de l’année, la Maison centrale d’arrêt de Bamako, d’une capacité de 400 détenus, en accueillait 1 947, dont 581 avaient été déclarés coupables et 1 366 étaient dans l’attente de leur procès.
Impunité
Plusieurs « procès médiatiques » concernant des violences perpétrées dans le nord du pays pendant l’occupation de 2012-2013 n’ont pas véritablement progressé, souligne la note. Les plaintes contre les auteurs des crimes commis au nord n’ont pas connu de dénouement. L’accord de paix de 2015, qui recommandait la création d’une commission d’enquête internationale chargée de faire la lumière sur les crimes de droit international, y compris les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les atteintes aux droits humains, n’avait pas été mis en œuvre.
Des enfants privés d’écoles
La crise de 2012 a porté un coup dur aux droits économiques sociaux et culturels des populations des zones de conflit. Plus de 150 000 enfants sont privés du droit à l’éducation et plus de 500 écoles fermées par les djihadistes.
Selon l’ONG, malgré les violations graves des droits de l’homme constatées dans le pays, des avancées ont cependant été observées avec, le vote de la loi de protection des défenseurs des droits de l’homme en décembre 2017 et la récente création par les Nations Unies de la commission internationale d’enquête sur les violations des droits de l’homme au Mali.
Marie Dembélé, Stagiaire