Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition malienne et Mamadou Sory Coulibaly, maire de la commune rurale de Kareri (Dioura) ont été enlevés par des groupes armés pendant qu’ils étaient en campagne pour les élections législatives. L’un dans la circonscription électorale de Niafunké et l’autre dans la circonscription de Ténenkou. Les deux candidats avec leurs délégations sont toujours introuvables.
Mardi, le gouvernement malien a annoncé la mise en place d’une cellule de crise présidée par l’ex-Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga. « Le Gouvernement de la République du Mali du Mali mettra tous les moyens en œuvre pour ramener sains et saufs l’honorable Soumaïla Cissé et ses compagnons à leurs familles » indique le communiqué.
La mise en place de cette cellule de crise est une réaction du gouvernement face aux différentes questions que les citoyens se posent sur l’engagement des autorités dans la libération de Soumaïla Cissé, selon Ibrahim Maïga, chercheur à l’ISS. « La cellule permet éventuellement de coordonner les actions menées dans ce sens, mais il faut être prudent à ne pas donner à cette affaire une dimension qui pourrait compliquer d’avance son dénouement car les missions de libération n’ont pas besoin de beaucoup de publicité » ajoute-t-il.
Soumaïla Cissé est le troisième candidat aux législatives enlevé la semaine dernière. Avant lui, deux candidats ont été enlevés, l’un dans la circonscription de Niafunké et l’autre dans la circonscription de Ténenkou.
« Ce que je peux vous dire à ce jour est que le gouvernement est arrivé a identifié les commanditaires de l’enlèvement de Soumaïla Cissé, mais je ne peux pas en dire plus à cause du caractère confidentiel de l’affaire », signale Nouhoum Togo, membre de la cellule de crise mise en place par le parti URD, joint au téléphone par la rédaction.
Auparavant, Mohamed Dofana, candidat du RPM, dans la circonscription de Niafunké, a été aussi enlevé avec sa délégation par des hommes armés avant d’être libérés 48 heures plus tard. « Mais les assaillants ont emporté leurs véhicules », selon un habitant contacté dans la zone sans donner plus de détails sur les conditions de leur libération.
Soumaila Cissé, président de l’URD, principale partie d’opposition malienne et finaliste aux dernières élections présidentielles de 2018 était enlevé, le mercredi 25 mars, entre les localités de Saraféré et de Koumaïra. Son garde du corps a succombé à ses blessures après avoir été reçu des balles.
Quant à Mamadou Sory Coulibaly, maire de la commune rurale de Kareri (Dioura), il a été enlevé par un groupe armé à Yassalamou, un village près de Dioura, le samedi 21 mars. Il était en compagnie de son chauffeur et de son griot. Ces derniers ont été libérés, mais les assaillants ont gardé le candidat et son véhicule, selon notre correspondant dans la zone. Mamadou Sory Coulibaly est candidat du parti ADEMA PASJ dans la circonscription de Ténenkou. Il est toujours en captivité.
De la sécurité des candidats
Une semaine avant l’enlèvement du candidat Soumaïla Cissé, il était en campagne dans la localité de Léré sous escorte des éléments de la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA), un groupe armé signataire de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
L’opinion publique malienne s’est indignée de cet enlèvement et se pose des questions de savoir comment une personnalité comme Soumaïla Cissé n’ait bénéficié d’une sécurité adéquate dans une zone d’instabilité. « C’est aussi la question qu’on se pose » martèle Nouhoum Togo. Et d’ajouter « avant le déplacement de l’honorable Cissé à Niafunké, nous avons alerté le gouvernement sur l’état précaire de la sécurité dans la zone. Malgré cela, les autorités maliennes et la communauté internationale, n’ont pas pris les dispositions nécessaires pour assurer sa sécurité. »
Soumaïla Cissé a accepté de se rendre à Saraféré et Koumaïra à la demande des maires de ces deux localités. « Les maires ont donné une garantie à la délégation du candidat Soumaïla qu’elle sera en sécurité durant le voyage », nous apprend une source dans la zone, qui ne souhaite pas être citée.
La mission onusienne au Mali (MINUSMA) joue un rôle de soutien dans l’organisation des élections, notamment l’appui logistique pour l’envoi du matériel, la formation et aide à sécuriser certains centres de vote à la demande des autorités maliennes. « Actuellement, on apporte notre aide, comme il nous a été demandé par les autorités maliennes, pour tenter de retrouver le candidat et on avait également apporté notre aide pour l’évacuation des victimes », explique Olivier Salgado, chargé de communication de la MINUSMA.
Des revendications ?
A ce jour, aucune revendication officielle n’a été formulée pour ces différents enlèvements. Plusieurs enregistrements audios circulant sur les groupes WhatsApp laissent à penser que l’enlèvement du Chef de file de l’opposition a été commandité par la Katiba du Macina qui demanderait sa libération contre des échanges de prisonniers.
« En l’absence d’une revendication d’un groupe armé, tout reste probable. On ne peut donc pas attester de l’authenticité de ces enregistrements audios, ni complètement les rejeter. Mais, ce qu’on sait à la base de certains indices qu’on a, c’est que la zone où il a été enlevé est une zone d’opération de certains groupes armés affiliés à la Katiba du Macina », analyse Ibrahim Maïga.
Les attaques des groupes armés sont fréquentes dans cette zone qui échappe au contrôle des forces armées régulières.
Le jour du scrutin, dimanche dernier, plusieurs incidents ont été signalés dans la zone dont un véhicule de transport qui a sauté sur une mine faisant 9 morts.
Sahelien.com
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