Loin de leurs localités depuis plusieurs mois, les déplacés attendent l’apaisement de la situation pour pouvoir rentrer chez eux.
Pour les déplacés rencontrés sur différents sites à Mopti, tout passe par le dialogue et la sécurisation de leurs localités. « Nous avons vraiment envie de retourner chez nous, mais dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas. Tout ce que nous souhaitons, c’est d’avoir la paix et la sécurité pour pouvoir regagner notre village. (…) Nous sommes disposés à discuter avec tout le monde tant que c’est pour parler de paix. Les autorités et tous les acteurs de la crise, s’ils acceptent d’aller au dialogue, ce sera la fin de ce conflit » a affirmé Barema Sankaré.
« C’est le conflit qui nous empêche de retourner. Moi je veux qu’il y ait la paix, que les gens se parlent, que le conflit finisse et qu’on se pardonne », indique pour sa part,Tedi Menta, une déplacée qui a vu plusieurs membres de sa famille enlevés.
Dans la région, des initiatives sont en cours, du côté de la société civile ou des autorités pour régler les conflits et instaurer une entente durable entre les communautés. « Actuellement, nous avons mis en place des structures appelées clubs de paix. C’est des jeunes qui s’engagent avec des élus et d’autres personnes pour essayer de ramener la paix. Ces clubs vont contribuer à identifier ces victimes et les orienter vers la Commission Vérité Justice et Réconciliation, et aussi identifier les différents types de conflits qui existent dans leurs localités et essayer de contribuer à la résolution de ces conflits. Ils vont également identifier les jeunes en voie de radicalisation ou ceux qui sont déjà radicalisés pour les orienter vers la commission DDR [Désarmement Démobilisation et Réinsertion, ndlr] », explique Boubacar Haïdara, président du Réseau pour la paix et la réconciliation au Mali.
A l’antenne régionale de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) de Mopti, les dépositions concernent surtout les récentes violences. « Nous avons pour mission d’écouter toutes les victimes des différentes crises que le Mali a connu de l’indépendance jusqu’à nos jours. Nous les écoutons, nous prenons en compte leurs besoins et leurs attentes dans le but de faire une proposition de réparation qui sera détaillée dans le rapport final que la CVJR va déposer à la fin de son mandat », indique Ibrahima Traoré, le Chef d’antenne par intérim.
Et d’ajouter : « au début des dépositions, nous recevions les victimes de façon lente. Mais avec les derniers événements qui ont provoqué un déplacement massif des victimes surtout au niveau de Sévaré et Mopti. Avec les différents sites de déplacés, nous sommes un peu dépassés par les nouvelles victimes qui arrivent tous les jours ». Selon M. Traoré, plus de 3000 dépositions ont été faites en majorité par les femmes.
Parmi les stratégies adoptées par le gouvernement, il y a « les actions de médiation et de dialogue intercommunautaires à travers l’organisation en avril et mai derniers de 42 forums d’arrondissements sur les 55 que comptent la région et dans les huit cercles également, les forums de dialogue intercommunautaire et de la cohésion sociale se sont tenus. On est en train de préparer activement les forums régionaux. En marge de cela, avec l’intermédiation des différents partenaires de l’Etat, il y a eu la signature du communiqué conjoint le 1er juillet ici entre les groupes d’autodéfense peuls et dogons. Le 7 juillet, il y a eu la signature du communiqué conjoint aussi, par les communautés dogons et peules, à travers Tabital Pulaaku, Guina Dogon, les présidents des associations de développement des cercles de la région de Mopti sous le parrainage de la personnalité qui a été désignée comme secrétaire permanent du cadre politique de gestion de la crise du centre. Il y a eu la nomination par le président de la République de son Haut représentant pour le centre, la création d’un cadre politique de gestion de la crise du centre », a souligné M. Kantara Diawara, Directeur de cabinet du gouverneur de Mopti.
Selon le Chef de cabinet, « toutes ces actions combinées plus les autres stratégies militaires et de développement permettront à terme de juguler l’insécurité, d’assurer la stabilité et la cohésion, le retour à la paix dans la région de Mopti. Mais c’est des actions qui vont prendre du temps, il faut être persévérant, il faut avoir foi en ces actions et en l’avenir ».
Depuis ce jeudi 1er août, le Premier ministre Boubou Cissé a entamé une nouvelle visite à Mopti, une deuxième en moins d’un mois pour reprendre ses démarches de rencontres avec les autorités et populations locales.
Sahelien.com
*Réalisé avec le soutien du Programme Sahel de l’IMS, financé par DANIDA
PS: Aux sites d’information et portails, Sahelien.com n’autorise pas la reprise intégrale des articles. Merci de diriger vos lecteurs par le biais du lien de redirection pour lire le reste du papier. Dans le cas contraire, Sahelien.com se réserve le droit de poursuivre devant les tribunaux compétents.