Au Mali, la migration est une pratique très ancienne. Le nombre de Maliens vivant à l’extérieur est estimé à environ 6 millions dont près de 120 mille en France. Si certains sont contraints de quitter le pays d’accueil à cause du durcissement de la politique migratoire, d’autres ont choisi de retourner pour s’installer à leur propre compte.
Il y a deux ans, Youssouf Mangara a décidé de rentrer après une dizaine d’années passées en France. « Je me dis qu’il y a plus d’opportunités pour les jeunes malgré les problèmes que nous avons eu ces derniers temps avec le coup d’Etat, les problèmes politiques et l’insécurité. On s’est dit qu’il y a une véritable aubaine pour les jeunes, surtout ceux qui ont eu la chance de parcourir le monde et d’avoir de l’expérience, de revenir ici au pays pour pouvoir investir et aider le Mali à aller de l’avant », indique cet jeune entrepreneur.
Juriste de formation, Youssouf Mangara est un touche-à-tout. « Je ne me cantonne pas dans un seul secteur. Au départ j’ai fait de petites activités », poursuit-il. Aujourd’hui, lui et son associé ont ouvert une agence de communication où ils font de la production audiovisuelle, la production d’artistes, des conceptions, l’impression et la décoration.
Investir au Mali, c’est ce qu’a décidé également, Amadou Diawara qui intervient dans le secteur des nouvelles technologies. « Je me dis que tout est à refaire dans le pays malgré l’instabilité sécuritaire. C’est saturé en Europe, c’est ici que ça se passe, on espère qu’on gagnera notre vie ici », indique-t-il. De deux personnes au départ, son entreprise emploie actuellement une cinquantaine de salariés.
Des domaines porteurs
Selon Amadou Diawara, le domaine des nouvelles technologies au Mali est porteur mais il n’est pas organisé. Son ambition est non seulement d’aller à la conquête de l’Afrique mais aussi de lancer d’autres projets comme la mise en place d’une unité de production et d’assemblage de mobilier de bureau.
La recherche d’emploi et l’envie de découvrir le Mali autrement ont conduit Countel Kane à s’installer au Mali en 2014. « La première source de motivation était de pouvoir trouver un emploi. En France, je n’avais pas une situation stable. Au Mali, la recherche d’emploi est un peu compliquée. Il y a beaucoup de réseaux, il faut appeler les gens et moi j’étais contre ça », raconte-t-elle.
Et d’ajouter : « Un jour, je suis tombée sur une offre de l’ANPE (Agence nationale pour la promotion de l’emploi, ndlr). J’ai postulé et passé la phase d’entretien. J’ai été finalement retenue. Pour une fois, c’est les méthodes traditionnelles de recherche d’emploi qui ont marché pour moi », confie cette franco-malienne, chargée de programme dans une fondation à Bamako.
Il existe depuis 2004, un ministère chargé des Maliens de l’extérieur qui a pour mission de « promouvoir et protéger les Maliens établis à l’étranger ». Selon Dr Broulaye Keita, conseiller technique au ministère, l’Etat a initié plusieurs programmes pour soutenir les Maliens de la diaspora. Le plus récent est le lancement, en mars 2017, d’un projet d’un milliard pour soutenir essentiellement les initiatives des jeunes issus de la diaspora, souligne-t-il.
Pour inciter les investisseurs maliens à s’installer, « des milliers de compatriotes ont bénéficié des exonérations sur les taxes douanières », assure Dr Keita.
Dans le domaine de l’enseignement supérieur, le programme Tokten « transfert de connaissance par les expatriés nationaux » a été mis en place par le gouvernement et ses partenaires pour permettre aux universitaires maliens dans les pays occidentaux de pouvoir enseigner pendant des courts séjours, dans les différentes facultés du Mali.
Compte tenu de l’importance de la question migratoire, l’Etat a élaboré une politique nationale de la migration pour mieux gérer la migration afin qu’elle soit un atout pour le Mali, précise le conseiller technique au ministère des Maliens de l’extérieur.
Sahelien.com